Le nouveau hors-jeu ne bouleversera pas l'arbitrage mais favorisera le spectacle
La règle du hors-jeu évolue, l’international football association board (I.F.A.B) vient de modifier la formule de la fameuse loi 11, précisant le hors-jeu dit "passif". Pourquoi un tel changement ? Que va-t-il modifier concrètement pour les arbitres comme pour les joueurs ?
Le décryptage de l'arbitre international Antony Gautier. ● L’évolution de la règle du hors-jeu que vient de décider le Board ne concerne pas la totalité des situations de hors-jeu, sinon celles dites du hors-jeu passif, soit une minorité d’entre elles.
●Dorénavant, un attaquant en position de hors-jeu réalisant un déplacement en direction du ballon, alors que celui-ci est joué par un partenaire qui n'est pas en position de hors-jeu, ne sera plus considéré comme hors-jeu. L’action continuera donc de se dérouler.
●De même, un joueur en position de hors-jeu qui reçoit un ballon joué délibérément par un adversaire ne sera pas considéré comme tirant un quelconque avantage de sa position. Là encore, le jeu pourra donc se poursuivre.
Une clarification plus qu'une révolution
●Parler de révolution à propos de cette modification de la règle est exagéré. Plus qu’une modification cruciale de la loi du hors-jeu, il s’agit bien davantage d’une clarification de cette règle.
●Le Board se situe dans une approche pragmatique. C’est avant tout par souci d’uniformisation entre les six confédérations qu’il a apporté ces différentes précisions. Elles ont pour but de mettre fin aux différentes interprétations qui avaient cours dans le monde. C’est une évolution que j’estime relativement logique et naturelle dans la mesure où elle va dans le sens du jeu, qu’elle va permettre de fluidifier, tout en contribuant à une meilleure compréhension des situations de hors-jeu chez les spectateurs et téléspectateurs.
●En effet, cette règle favorise théoriquement les actions offensives. Elle devrait donc se traduire par moins de coups de sifflet. Et moins de hors-jeu signalés, ce sont plus d’occasions et donc plus de spectacle (même si ces cas précis de hors-jeu sont en général peu nombreux lors d’un match).
Les polémiques existeront toujours
●Tout ce qui a va dans le sens du beau jeu est à mon sens positif. Cet ajustement de la loi 11 marque un renversement de l’interprétation du hors-jeu qui dominait depuis quelques années, une interprétation qui était difficile à mettre en pratique, car suscitant de nombreuses incompréhensions.
●Mais si cet éclaircissement de la règle va dans le sens d’une simplification et d’une meilleure compréhension par l'ensemble des acteurs du football, il est utopique de penser qu’il mettra fin aux polémiques.
●De nouvelles questions vont ainsi se poser : l'attaquant en position de hors-jeu entrave-t-il clairement la vision du défenseur ou du gardien de but ? le défenseur a-t-il l’intention de jouer le ballon lorsque celui-ci est dévié vers l'attaquant en position de hors-jeu ? etc.
●Il y aura donc toujours une place laissée à l’interprétation de l’arbitre, selon son positionnement par exemple, ou encore selon son expérience ou sa sensibilité.
Un temps d'adaptation très court
●Cette modification ne va pas non plus bouleverser notre façon d’arbitrer. C’est une évolution mineure, le temps d’adaptation sera donc court voire nul. Idem pour les joueurs.
●C'est sans doute du côté du public qu'un exercice de pédagogie sera nécessaire. Pour éviter les polémiques stériles, il est à espérer que les médias assument pleinement ce rôle pédagogique afin d’expliquer à leurs lecteurs et téléspectateurs ce que change vraiment cette clarification de la règle du hors-jeu.
Par Anthony Gautier Arbitre international
